Il y a cent ans... Tilly en 1925
En 1925, Tilly-sur-Seulles présente l’aspect d’un village paisible, seulement animé par ses marchés et foires du lundi, sa fête de la Madeleine… Il continue à décliner. Comme le montrent les recensements de 1921 et 1926, les maisons inhabitées ne sont pas rares. Et pour cause : en cinquante ans, Tilly a perdu pas moins de 40 % de sa population, passée de 1.200 environ à 722 en 1926. Certes, la révolution industrielle est passée par là, beaucoup ont quitté la campagne et les travaux des champs pour prendre des emplois en ville, à Caen notamment. Et puis, ici aussi, la Grande Guerre a tracé une saignée démographique. Des hommes, célibataires ou chefs de famille sont morts, d’autres sont revenus blessés et devenus davantage aptes à oeuvrer en milieu urbain. Des veuves avec enfants ont quitté le village pour subsister grace à d’autres emplois. Mais surtout, les fours à chaux se sont éteints quelques années avant la guerre. En même temps, une forte activité économique tilloise pourvoyeuse de travail a disparu. Le marché alors étoffé, source de nombreux échanges commerciaux, a perdu beaucoup de son importance.
Cinq abonnés au téléphone
En 1925, le village compte cinq abonnés : le numéro 1 (un seul chiffre à cette époque!) est attribué à Charles Le Personnier, dont l’établissement est installé rue de la Justice, presque en face de la mairie d’alors ; le 4 au vétérinaire Adeline ; le 5 au médecin Jean Malassis (rue la Justice), le 6 à la gendarmerie (route de Balleroy) ; le 7 au greffier de paix Rocque (rue d’Enfer) et le 8 au notaire Valéry Le Roux (rue d’Enfer). A noter ce détail amusant : le téléphone est accessible à la poste (poste, télégraphie et téléphonie) de la rue de la Justice durant la semaine lorsqu’elle est ouverte de 8 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures ; sinon, il faut se rendre chez le vétérinaire Adeline pour téléphoner en semaine entre 12 heures et 14 heures et entre 19 heures et 21 heures, et le dimanche entre 11 heures et 21 heures ! Les premiers abonnés à Tilly sont mentionnés dans les annuaires du Calvados à partir de 1910.
SOURCES
- Archives départementales du Calvados (registres d'état civil, recensements, annuaires)
- Bibliothèque nationale de France
- "Tilly-sur-Seulles, monographie normande" de Charles Osouf (1933)
- "Tilly-sur-Seulles, un village au milieu de l'histoire", Olivier Basley, 2000
- "La France en héritage", Gérard Boutey, 2007
A Tilly où le secteur industriel est donc absent en 1925, les métiers pratiqués se limitent à l’agriculture, très présente, l’artisanat, le commerce, quelques services. Les ouvriers et employés ne travaillent plus que pour des patrons de petites structures ou dans les fermes.
Politique
Au cours de l’année 1925 se produisent des élections municipales, avec un premier tour le 3 mai, le second le 10. Elu deux ans avant, le marchand de vins et spiritueux Charles Le Personnier conserve son fauteuil de premier magistrat. Il avait pour adjoint Octave Travers, lequel avait occupé la fonction de maire entre décembre 1915 et décembre 1919 ; ce dernier reste conseiller dans la nouvelle assemblée communale, cédant la place à Louis Legoupil.
Commerce et artisanat
En 1925, Tilly, chef lieu de canton et situé à un carrefour routier important, possède encore de nombreux commerces
Sur la place : hormis les hôtels-restaurants, le mécanicien et marchand de bicyclettes André Marie, l’épicier Amédée Marie, la modiste Marie Coeuret, le pharmacien Drugeon, l’épicier Tardif.
Rue de la Justice : un coiffeur, Louis de Saint-Denis ; le boucher Lemonnier ; le négociant en vins et spiritueux Le Personnier
Rue de Bayeux, sont installés : le boucher Duval, le quincaillier Hardy, la marchande de sabots Anne, le bourrelier Jéhenne et son épouse marchande de nouveautés, le boulanger Ducoudray, le quincaillier Juhel, la marchande de nouveautés Théot, le boulanger Françoise.
Route de Balleroy : la charcuterie Juillet, l’horloger Jardin, le marchand de chaussures Tardif…
Les deux quincailliers de la rue de Bayeux sont référencés aussi comme "ferblantiers" : ils commercialisent des objets en fer-blanc (arrosoirs, bassines, casseroles, chaufferettes, entonnoirs, etc.)
Menuisiers, maçons, peintres, couvreurs, l’artisanat tillois propose un choix riche de professionnels du bâtiment. De nombreuses femmes sont quant à elles identifiées comme couturières, brodeuses et brodeuses sur filet, blanchisseuses… Le village compte encore un tailleur d’habits en la personne d’Alfred Gallois installé à Saint-Pierre.
Hébergements
. Trois hôtels dans le centre bourg : l'hôtel Jeanne-d’Arc sur la place du Marché, l’ancien hôtel Morel tenu à l’époque par les époux Georges et Charlotte Mallet avant le rachat de l’établissement par la famille Faucon ; l'hôtel des Voyageurs, lui aussi sur la place tenu par les restaurateurs Louis et Marie Lavalley : et l'hôtel du Nord, par Joséphine Lecomte, une pension qui fait également café, l'angle de la place du marché et de la route de Juvigny.
Santé
Tilly dispose d’une pharmacie depuis des décennies, installée sur la place. Elle est tenue par Adolphe Drugeon depuis le début du siècle. Le village compte également une sage-femme, la veuve Augustine Champs, domiciliée à l’entrée de la rue de la Justice et qui vit là, avec ses deux enfants Georgette et Marcel. Deux médecins officient : les Dr Ambroise Benoit (Saint-Pierre) et Jean Malassis (rue de la Justice). Enfin, une garde malade, Amelina Confiant, vit à Saint-Pierre.
Education
En 1925, le village compte trois écoles, deux publiques, l’autre libre. L’une des deux écoles laïques est réservée aux garçons, route de Juvigny (voir plan rubrique Tilly avant/après 1944). Elle est dirigée par l’instituteur Georges Aulong, âgé de 36 ans, par ailleurs secrétaire de mairie. Il habite à l’étage de cette école, en compagnie de sa famille composée de son épouse Henriette et de leurs enfants Paulette et Louis, né l’année précédente. Dans cette école officie aussi Marie-Louise Leprovost, institutrice publique âgée de 25 ans et épouse du commandant de la brigade de gendarmerie à cheval de Tilly, le brigadier Henri Leprovost.
L’école publique pour les filles, située à côté de la mairie rue de la Justice (voir plan), est menée par Maria Ballé (46 ans). Blanche Patru (34 ans) dirige quant à elle l’école libre, en haut de la route de Bayeux où elle se trouve toujours, avec pour adjointe Hélène Burnouf (27 ans).
Religion
Le curé de Tilly se nomme à cette époque Joseph Prunier. Agé de 50 ans, il réside dans le presbytère avec sa mère (75 ans). Ce prêtre, chanoine honoraire de Bayeux, décédera en septembre 1939 à Tilly. Il est enterré dans le cimetière de la commune.
Gendarmerie
Route de Balleroy, la brigade de gendarmerie à cheval loge quatre gendarmes (Leprovost, Joret, Jan, Chauvin) et leurs familles.
Pompiers
Composée d’une dizaine de volontaires, la brigade de sapeurs-pompiers tilloise est dirigée par le lieutenant Eugène Yon, et ses adjoints le sous-lieutenant honoraire Dobert et le sous-lieutenant Albert Bourdon.
Poste
Receveur des postes, facteurs, factrices et employées des PTT : au moins huit personnes domiciliées dans la commune travaillent pour accueillir l'usager rue de la Justice et distribuer le courrier
François Basley