Grenadier à pied de la Garde impériale de Napoléon Ier
Jean Lavoine (1788-1843),
de Tilly à la Russie et Waterloo
Hel
La médaille de Sainte-Hélène
Devenu empereur, Napoléon III a créé une médaille, dite de
« Sainte-Hélène », attribuée aux anciens soldats encore vivants en 1857 et qui avaient servi dans les armées de son oncle Napoléon Ier.
Habitants de Tilly-sur-Seulles à l’époque de la création de la décoration, ils ont été au moins onze, ces vieux soldats à l’avoir reçue. Dont François Morel, mentionné par ailleurs, et François Victor de Tournebu, capitaine de cavalerie dans le 2e régiment de cuirassiers, fait chevalier de l’ordre de la Légion d’Honneur en 1813. Lui aussi avait participé à la campagne de Russie, l’année précédente.
Liste des médaillés de Tilly : Marin Carabie, Pierre Fierville, Pierre Gosselin, Nicolas Lapersonne, Luc Lapersonne, André Lemonnier, François Morel, François Rondel, François de Tournebu, Pierre Vaytens.
Comme tous les villages de France, Tilly-sur-Seulles a alimenté les rangs de la Grande armée de Napoleon 1er. Une vingtaine d’hommes environ ont été incorporés, parmi lesquels Jean Lavoine, grenadier de la Garde impériale. En 1857, au moins onze anciens soldats de l'Empereur habitaient encore la commune.
De 1804 et la naissance du Premier Empire, à 1815 et la bataille de Warterloo, la Grande armée de Napoléon Ier a mobilisé plus de deux millions de soldats français. Beaucoup d’hommes, issus de toutes les villes et de tous les villages de France, suivirent l’Empereur lors de ses différentes campagnes guerrières à l’étranger et participèrent à des batailles dont les noms restèrent ancrés dns l'Histoire de France. Tilly-sur-Seulles n’a pas échappé aux diverses levées de soldats. Durant cette période, plusieurs jeunes hommes quittèrent un jour leurs familles et foyers pour porter un uniforme napoléonien.
C'est le cas par exemple de Charles Poitvin dit Lecompte, fils de Pierre Poitvin et de Marie Beljambe. Il serait né à Tilly le 13 février 1784. Conscrit de 1806, fusilier du 70e régiment d'infanterie de ligne, il décéda le 7 mai 1808 à l’hôpital de Lisbonne à la suite de fièvres, lors de la campagne menée par Napoléon au Portugal pour renforcer le blocus continental face à l’Angleterre. Ou encore de François Morel, né le 30 janvier 1790, fils du jardinier Jean Morel et de Marie Lemonnier. Incorporé dans le 82e régiment d'infanterie de ligne, il passa caporal en 1811 puis fut démobilisé. Ainsi, il furent environ une vingtaine d’hommes, natifs de Tilly-sur-Seulles, à partir combattre en Europe dans les armées napoléoniennes.
Espagne, Autriche, Russie, Belgique...
Jean Charles Auguste Lavoine est allé jusqu'en Russie. Né à Tilly le 16 mars 1788, fils d’Auguste Lavoine, et de Françoise Duny, il connut un parcours particulier durant cette période impériale. Grenadier, il servit durant une dizaine d’années environ.
Ce laboureur quitta le village en 1804. Il mesurait 1,80 m, avait les yeux bleus, le front haut et des cheveux châtains, comme le précise sa fiche matricule. Jean Lavoine a pris part à la campagne d'Espagne en 1808. Puis à celle d'Allemagne et d'Autriche en 1809 (parmi les batailles, celle de Wagram). Il participa ensuite à la désastreuse campagne de Russie en 1812, où il fut fait prisonnier le 13 décembre, quelques jours après la bataille de la Bérézina.
Redevenu cultivateur
Jean Lavoine fut libéré et revint en France le 3 décembre 1814, huit mois après que l’Empereur a abdiqué et été contraint de s’exiler sur l’Ile d’Elbe. Mais, alors que Napoléon est revenu en France et a repris le pouvoir en mars 1815 (période des Cent-Jours), Jean Lavoine, en fidèle grognard, s’est réengagé. Sous le bonnet à poils de la Garde impériale, il participa à la campagne de Belgique et à la célèbre bataille de Waterloo le 18 juin, défaite qui scella le destin de Napoléon. Notre Tillois fut licencié de l’armée le 10 septembre de cette même année 1815.
Rentré à Tilly-sur-Seulles, redevenu cultivateur, Jean Lavoisne s’est ensuite marié avec Henriette Lecointe, le 6 janvier 1817 à Bretteville-l’Orgueilleuse. Il est décédé le 16 juin 1843 à Bretteville. Il avait 55 ans.
Jean Lavoine appartenait à une famille parmi les plus ancienne du village. En effet, ce nom est déjà mentionné dans le « Terrier de Philippe de Harcourt et Jeanne de Tilly, seigneurs de Tilly-sur-Seulles (1375-1415) », alors que Tilly ne compte encore que quelques "feux".
François Basley
Sources :
Registres d’état civil de Tilly-sur-Seulles
Registres d’état civil de Bretteville l’Orgueilleuse
Mémoire des hommes, matricules napoléoniens
Archives départementales du Calvados
Bibliothèque nationale de France
Généanet
Registres de l’ordre de la Légion d’Honneur
Registres des médaillés de Sainte-Hélène
Terrier de Philippe de Harcourt et Jeanne de Tilly, seigneurs de Tilly-sur-Seulles (1375-1415)